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2006-09-02

« Un internaute sur deux est acheteur »

Une réaction après la publication de l’enquête Ipsos-Media qui révèle que plus d’un Français sur 2 est connecté à Internet ?
Bien sûr c’est une excellente nouvelle ! Elle montre qu’internet continue de gagner du terrain et que les internautes ont pris définitivement le pas sur les non-internautes. Nous avons toutes les raisons d’être satisfaits, car un internaute est un cyber-acheteur potentiel. D’ailleurs, selon l’étude que nous avons réalisée avec Médiamétrie cet été, le nombre de cyber-acheteurs en France progresse même encore plus vite que celui des internautes. Cette tendance ne peut que nous rendre optimistes pour l’avenir du commerce électronique.
Quel est votre sentiment sur l’évolution du e-commerce en France ?C’est un marché en plein développement. Il y avait à peine 4% de Français qui achetaient en ligne en 2000, et ce chiffre atteignait déjà plus de 25% en 2004. Le marché français figure d’ailleurs parmi les plus performants, puisque la France est championne d’Europe de la croissance du e-commerce en 2006 : la part des acheteurs en ligne a augmenté de 21% entre le 1er trimestre 2005 et le 1er trimestre 2006. Le ratio nombre d’internautes/nombre d’acheteurs est également très bon, puisqu’un internaute sur deux est acheteur. Cette proportion est encore plus importante chez les jeunes : parmi les 25-35 ans, c’est un Français sur qui deux achète sur Internet. Malgré tout, le commerce électronique français est encore loin derrière l’Angleterre en termes de chiffres d’affaires. Un écart, qui, j’en suis sûr, devrait prochainement se combler grâce à la progression attendue du nombre de foyers français connectés.
Quels sont les points clés à prendre en compte pour comprendre le marché français de la vente en ligne ?
Il y a d’abord l’équipement. Nous sommes légèrement en retard à ce niveau là par rapport à nos voisins européens, puisque plus de 60% des Anglais, des Allemands et des Suédois ont accès à Internet. Cela montre aussi qu’il y a en France un réservoir de clients potentiels encore plus important que dans ces autres pays. L’autre réel atout du e-commerce français réside dans l’importance de l’ADSL. C’est un vrai phénomène. Cela concerne aujourd’hui 70% des internautes, un chiffre nettement supérieur aux autres pays. La France est certainement aujourd’hui championne du monde de l’équipement haut-débit. Or, cela a été prouvé, le haut-débit favorise une augmentation du temps passé à naviguer mais aussi à consommer sur Internet. La confiance reste aussi une donnée psychologique importante. Elle est aujourd’hui en très forte progression. Enfin il ne faut pas oublier l’offre. Au début, les produits achetés sur le web, c’étaient surtout le high-tech et les produits culturels. Avec la démocratisation d’Internet, l’offre s’est considérablement diversifiée. Depuis deux ans on assiste à une explosion de la vente de voyages en ligne. Plus récemment, les ventes devêtements ont progressé de manière spectaculaire. Il faut dire que la clientèle sur Internet s’est très fortement feminisée. Aujourd’hui, plus de la moitié des nouveaux acheteurs sur Internet sont des femmes.
A quoi attribuez-vous la réussite exceptionnelle d’eBay, d’Amazon ou de Price Minister en France ? C’est pratique, facile et pas cher. Et puis, à l’heure où le pouvoir d’achat est plutôt en baisse, nous sommes nombreux à chercher des moyens de pouvoir malgré tout consommer plus. Revendre sur Internet permet souvent de se faire plaisir en s’achetant un bien un peu plus cher que prévu, tout en déculpabilisant. Ces sites sont aussi un « paradis » pour les collectionneurs et ceux qui cherchent à faire des bonnes affaires. Il faut savoir qu’aujourd’hui près de la moitié des internautes déclarent utiliser des plateformes de commerce entre internautes.
Quel a été l’impact du succès du commerce en ligne sur le secteur de la vente à distance ?
L’explosion de la vente à distance est plus que jamais liée à celle du e-commerce. Désormais, les ventes sur Internet représentent, à elles seules, 62% du chiffre d’affaires de la vente à distance aux particuliers. Le e-commerce a considérablement fait évoluer le paysage de la VAD. Les acteurs traditionnels de la vente à distance et notamment les grandes enseignes de vente par catalogue réalisent déjà plus de 30% de leur chiffre d’affaires sur Internet. Avec Internet, de nouveaux acteurs sont apparus. Qu’il s’agisse des « pure-players » mais aussi d’enseignes de magasins et de la grande distribution qui ont développé des sites marchands. Cela ne veut pas dire que les consommateurs boudent les magasins, au contraire ils repèrent les produits sur la Toile et vont acheter après sur place. Parallèlement, certains sites pure-players n’hésitent pas à ouvrir des magasins. Avec Internet, la VAD est entrée dans l’ère du multicanal. Pouvoir commander un produit à distance devient de plus en plus une demande des consommateurs.
Peut-on parler d’une « nouvelle économie parallèle » sur Internet ?Je n’aime pas tellement le terme « parallèle ». La nouvelle économie fait de plus en plus partie intégrante de l’économie en général. Elle est même devenue un enjeu majeur pour notre économie.
eBay et Yahoo ont récemment été attaqués pour contrefaçon, est-ce que ces abus représentent une menace pour l’avenir du commerce en ligne?Je n’ai pas de commentaires particuliers à faire sur ces deux affaires qui sont actuellement en cours et qui soulèvent des problématiques juridiques complexes. D’une manière générale, je dirais qu’Internet est une activité nouvelle. On vient tout juste de fêter ses 10 ans. Il n’est donc pas tout à fait surprenant que cela puisse poser des problèmes d’interprétation juridique, face à des lois qui remontent parfois à plus d’un siècle. J’ajoute que le nombre d’affaires judiciaires auxquelles nous assistons est tout à fait dérisoire si on considère qu’en 2005, plus de 100 millions de transactions ont été réalisées par les sites internet. Cela ne signifie pas pour autant que nous ne sommes pas attentifs à ces questions. Bien au contraire. L’an dernier, nous avons élaboré un code de conduite en matière de campagne e-mailing. Ce code a été officiellement approuvé par la CNIL. Cette année, la FEVAD a signé la Charte de confiance des plateformes de commerce entre internautes avec le Ministère du Commerce. Pour 2007, nous préparons une charte du e-commerce. Parallèlement nous travaillons avec les plateformes et les pouvoirs publics sur la question de la contrefaçon. C’est un sujet qu’on rencontre aussi dans d’autres formes de commerce. Pour résumer, je dirais que les plateformes comme les sites de e-commerce sont des professionnels responsables.

Doit-on prendre plus de risques pour réussir sur Internet, notamment en raison de la forte concurrence ?Après le succès très rapide du e-commerce, les acteurs se sont rendu compte qu’ils devaient être présents sur ce marché. Evidemment, cela a augmenté la concurrence. Une entreprise en ligne demande un plus grand niveau d’innovation, de savoir-faire et de réactivité. Souvent le prix ne suffit plus. Les clients sont de plus en plus exigeants sur la logistique et le service client. Je pense cependant qu’il existe encore aujourd’hui de réelles opportunités en e-commerce, de nouveaux secteurs à conquérir.

Comment voyez-vous l’évolution du e-commerce à l’horizon 2010 ? Selon une récente étude, le chiffre d’affaires du e-commerce pourrait tripler d’ici là. Une chose est sûre, nous sommes toujours en phase de développement et la marge de progression me semble encore importante. D’autant que d’autres évolutions particulièrement intéressantes sont en train de voir le jour. Notamment l’arrivée du m-commerce, c'est-à-dire les ventes sur mobiles, qui devraient accompagner le déploiement de l’internet mobile. C’est un niveau supplémentaire d’accessibilité à l’offre pour les clients. Je peux vous dire que de nombreux professionnels de la vente à distance ont aujourd’hui cet outil dans leur ligne d’horizon...

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