ZDNet France
12 janvier 2007
Personnalité 2006 - Netvibes s'est imposé en 2006 comme le fer de lance des start-up 2.0 en France. Plébiscité par les internautes des quatre coins du globe, son service innovant a également séduit les investisseurs. Retour sur une année faste avec son fondateur Tariq Krim.
«Pour être tout à fait honnête, la plupart des choses sont arrivées par accident.» Invité à parler du succès de Netvibes à la conférence le Web3 en décembre dernier à Paris, Tariq Krim choisit le registre de la modestie. Et d'expliquer que le succès de sa page d'accueil sur mesure tient au respect scrupuleux de «l'esprit du web 2.0»: concevoir un service pour les utilisateurs et les associer à son développement.
Le buzz qui entoure Netvibes n'est pas sans rappeler celui du démarrage de Google en 1998. Avec plus de 7 millions d'utilisateurs, la start-up née à Paris est encensée par les ténors de la Silicon Valley. Toujours à la recherche d'un modèle économique, elle a néanmoins levé 12 millions d'euros pour son second tour de table en août dernier. Investisseur de la première heure, le fondateur de Kelkoo Pierre Chappaz a rejoint Tariq Krim pour codiriger la société. Dirigé par Freddy Mini (ancien patron de CNET Networks France, Ndlr), un bureau est aussi ouvert à San Francisco. À quelques encablures de Google dont certains spécialistes affirment qu'il est sur les rangs pour une acquisition.
ZDNet.fr - Quels ont été pour vous les évènements marquants de l'année 2006?
Tariq Krim - C'est l'avènement du web 2.0, et le fait qu'une nouvelle génération de services a désormais une audience conséquente et change la manière dont on regarde la vidéo, dont on commente, dont on organise toute sa vie numérique. Pendant cinq ans, après ce que l'on a appelé «la bulle 1.0», il ne s'est rien passé, tout était mort. Et puis soudain, les énergies se sont remises au travail, des choses géniales sont apparues. En 2006, nous avons vu des rachats spectaculaires de plusieurs entreprises. Le web est reparti et l'on est dans une nouvelle phase de transformation.
À ce propos, où étiez-vous au temps du web 1.0?
Je rentrais des États-Unis où j'avais passé les trois années les plus incroyables d'expansion de l'internet. J'ai alors monté une start-up qui a un peu marché. Quand je suis revenu, tout le monde parlait de l'internet. Les sites foisonnaient, c'était l'époque des Clust, Boo... En revanche, j'ai été frappé de la vitesse à laquelle on a détruit, en France, tout ce qui avait été construit. Aux Etats-Unis ce qui m'a toujours fasciné, c'est que l'on crée des entreprises mais aussi des équipes, que l'on déplace après dans d'autres projets. Voyez l'accord entre YouTube et Google: le même investisseur, Michaël Moritz de Sequoia, en est à l'origine. Il y a une vision à long terme.
Très peu de gens ici, comme Pierre Chappaz par exemple, ont aussi cette vision sur le long terme, pour promouvoir des équipes, aider des personnes. Une des choses qui m'a beaucoup gêné est qu'à un moment donné, on était dans un monde où les entrepreneurs apprenaient mais les investisseurs aussi... ils n'étaient pas très doués à l'époque. Après, ça a été «on arrête tout, c'est la fin de la récré», et il n'y a plus rien eu.
Quels événements majeurs attendez-vous en 2007? Craignez-vous une nouvelle "bulle"?
Je ne crois pas à la bulle. Google, Ebay, Amazon ont vu le jour et ont vécu pendant celle-ci. Aux États-Unis, beaucoup d'argent a été investi en Bourse. Aujourd'hui, nous avons un marché complètement différent, avec 1 milliard d'utilisateurs de l'internet et beaucoup de gens connectés au haut débit en Europe. Toute notre vie est numérique aujourd'hui! Avant d'aller acheter quoi que ce soit, on vérifie en ligne d'abord; on va sur internet pour réserver un cinéma, un concert, télécharger une vidéo... Les usages sont là et il y a des marges pour créer de nouveaux outils et inventer de nouvelles formes de navigation dans cette vie numérique.
2007 sera pour moi l'année de la démocratisation de ces services, contrairement au web 2.0 qui était à l'origine un univers de geeks (passionnés des nouvelles technologies, Ndlr). Le "tagging" (ajout de mots-clés, Ndlr), l'organisation sociale des contenus, la messagerie instantanée, les cartes interactives... tout cela devient le quotidien de l'internaute.
Que souhaitez-vous pour 2007?
Depuis très longtemps, les politiques ne sont pas à la hauteur des défis d'internet. Or clairement ce sont les emplois de demain! Aux États-Unis, il faut voir qu'on parle «du monstre Google», et on utilise des termes similaires pour Yahoo. Mais ce sont des étudiants en qui on a cru, et qui ont construit des entreprises qui non seulement font vivre des milliers de personnes, mais aussi indirectement des millions de personnes dans le monde entier, avec les partenariats Adsense ou eBay. On n'a jamais eu cette vision en Europe, hélas...
2007 verra aussi pour moi, la manifestation des contre-pouvoirs nécessaires que sont devenus les blogs, permettant aux citoyens de s'exprimer et de peser, notamment dans le cadre des débats de la campagne présidentielle.
Eboons est le Pro de lachat malin sur internet
La logique est de vivre moins chère sans se priver !